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Faut-il porter des lunettes anti-lumière bleue ?

Gunnar Lunettes Vayper

Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises sur le site via un certain nombre de tests de produits et/ou de logiciels, il est de plus en plus d’actualité de se prémunir des potentiels effets de la lumière bleue sur notre organisme. En effet, les écrans sont omniprésents dans notre vie. Cela passe par les smartphones, les tablettes, les télévisions, les montres connectées, les ordinateurs et même des écrans publicitaires.

Nous allons donc aujourd’hui essayer de vous fournir des réponses précises sur ce qu’est cette fameuse lumière bleue. Mais nous verrons par la suite qu’il existe des moyens de limiter ses effets. Le problème étant que nous parlons bien de réduire et non pas d’annuler ses effets. Par conséquent, nous aborderons aussi les limites de ces solutions.

La lumière bleue Késako ?

  • Un effort supplémentaire

En 1932, Henri Piéron, pourtant psychologue, s’intéressait déjà à la lumière bleue. En effet, nous pouvons lire dans « Notes et revues » de la revue L’Année psychologique qu’Henri Piéron parle du « paradoxe de l’action défavorable de la lumière bleue sur l’acuité visuelle ». Une expérience montre qu’à brillance apparente égale, l’acuité visuelle est moindre en lumière bleue qu’en lumière blanche.

Anatomie de l’œil: Beginning Psychology (v. 1.0) via Creative Commons (by-nc-sa 3.0).

Ce paradoxe vient du fait que dans la fovéa se trouve les bâtonnets et les cônes. Si la lumière bleue agit bien sur ces premiers qui sont les cellules photosensibles les plus sensibles à la lumière, elle agit moins bien sur les cônes qui permettent de voir avec netteté et précision. Il en résulte par conséquent, une différence de dioptrie et donc un effort supplémentaire de l’œil.

En conclusion, nous apprenons ici que la lumière bleue des écrans fatigue nos yeux.

  • Pourquoi nous nous faisons du mal ?

Il serait intéressant de se demander pourquoi nos écrans rayonnent sur cette longueur d’onde. Et bien la réponse est assez simple. Ils se basent sur un rendu du type « lumière du jour », avec une température de couleur de 6 500 K. Cela revient au final à exposer nos yeux à une scène de jour en permanence.

Ainsi, le rendu est naturel, contrasté, coloré.

Et c’est à ce moment qu’intervient une autre altération au niveau de notre organisme.

  • La naissance de la chronobiologie et son altération par la lumière bleue

En 1729, Jean-Jacques Dortous de Mairan réalise une expérience sur le mimosa pudique. Cette dernière est une plante dont les feuilles se ferment pendant la nuit. L’expérience montre que même si on laisse la plante à l’obscurité pendant une journée, le même phénomène survient. Il est donc possible d’en déduire que la plante agit en fonction d’une « horloge interne » : c’est la naissance de la chronobiologie.

Et cette chronobiologie, qui correspond à l’étude des rythmes biologiques dans l’organisme, connait depuis 10 ans de très grandes avancées. Un prix Nobel à d’ailleurs été décerné à 3 généticiens américains en 2017 sur ce sujet.

Si l’on revient à nos moutons, cette science a permis de démontrer de nombreuses choses sur notre cycle circadien (cycle jour/nuit). En effet, notre organisme, en présence de lumière captée par des cellules photoréceptrices particulièrement sensible au bleu (les cellules ganglionnaires à mélanopsine) va transmettre des signaux vers notre horloge interne mais aussi vers des zones régulant l’humeur, la mémoire, la cognition et le sommeil. Cela passe entre autres par la sécrétion de mélatonine.

Transmission de l’information lumineuse vers l’horloge biologique. Coupe de rétine de souris, montrant les cônes de la couche externe, en vert, et une cellule ganglionnaire à mélanopsine de grande taille, en rouge, dans la couche interne. ©Inserm/H. Coop

En résumé, l’exposition à nos écrans simulant la lumière du jour induit une désynchronisation du cycle jour/nuit de notre organisme.

Pour conclure, la lumière bleue agit directement sur notre horloge biologique et donc notre sommeil entre autres mais aussi sur nos efforts oculaires.

Les solutions pour y remédier

Il est assez simple de constater sur internet l’augmentation moyenne de temps passé sur un écran. Et en connaissant les risques, il est logique de vouloir y remédier. Passons maintenant en revue quelques unes de ces solutions.

  • Gérer son espace

La position de l’écran par rapport à nous est un élément à prendre en compte lors de longues sessions ou bien quand on travaille. Il ne doit être ni trop loin ni trop près, c’est à dire au niveau des yeux à environ 60 centimètres de ceux-ci. De plus, l’éclairage est également important. Il faut favoriser un éclairage naturel, privilégier des éclairages domestiques de type « blanc chaud » (température de couleur inférieure à 3 000 K) et éviter un éblouissement.

  • Le bon paramétrage

Il est de plus en plus possible de paramétrer de façon plus précise son écran en agissant à la fois sur l’intensité lumineuse, la couleur mais aussi le thème. De plus en plus d’applications propose d’ailleurs un mode nuit. Une application très connue se nommant f.lux vous propose d’adapter la colorimétrie de votre écran en fonction du moment de la journée.

  • L’utilisation d’un filtre

Nous avons testé un certain nombre de produit proposant cette solution : les lunettes anti lumière bleue tel que ce type de lunettes ou encore ce type de lunette Gunnar plus orienté gamer. Elles peuvent être un véritable allié puisque d’une part elles agissent sur la lumière bleue directement en la filtrant mais également en diminuant l’effort oculaire en corrigeant un peu la dioptrie.

  • Des règles simples

Il est possible en agissant avec bon sens.

Par exemple, Beth Lennox, Dr en optométrie au Cambridge Eye Care d’Ontario au Canada, promeut la règle du 20-20-20. Elle suggère que pour reposer convenablement ses yeux il convient de faire un break de 20 secondes toutes les 20 minutes en regardant autre chose que son écran un objet situé à environ 6 mètres de soi.

Les limites de ces solutions

Ce serait trop simple si il suffisait de faire cela. En effet, ces conseils ne font pas tout et ne suppriment pas les risques, le meilleur moyen étant de ne pas utiliser d’écran du tout. De plus, il est difficile de s’y retrouver avec toutes les marques de lunettes soi disant anti lumière bleue. En les mettant, il est impossible au premier test de savoir si elles sont vraiment efficace. Vous devrez croire sur parole le marketing.

Une chose est certaine, l’exposition prolongée aux écrans est mauvaise et c’est pourquoi il est de plus en plus recommandé de retarder son accès aux plus jeunes.

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